
Forme-Toit : un hébergement pour étudier
Quand le logement et la formation deviennent des leviers d’insertion sociale
Comment suivre une formation sans toit au-dessus de sa tête ? C’est à cette question essentielle que répond le dispositif Forme-Toit, porté par Un Toit Pour Tous, 3aMIE et Le Habert. Grâce à un partenariat innovant, six jeunes majeurs migrants sont hébergés dans des colocations sécurisées tout en suivant une formation qualifiante dans des métiers en tension (plomberie, peinture, électricité, carrelage…). Une initiative concrète et humaine, qui fait rimer insertion et dignité.
Logement et formation, un duo indissociable
Depuis plusieurs années, 3aMIE accueille des jeunes migrants âgés de 16 à 25 ans, souvent en situation irrégulière ou sans accès aux dispositifs classiques de prise en charge. Ces jeunes, motivés et en capacité de s’engager dans des formations qualifiantes (CAP, DELF), se retrouvent pourtant freinés dans leur parcours par un obstacle majeur : l’absence d’un hébergement stable.
« Un jeune ne peut pas étudier s’il dort dehors. Et inversement, un jeune qui suit une formation est plus fiable pour la structure qui l’héberge, car il est en dynamique, entouré et soutenu. » rappelle David Hess, président de 3aMIE.
Face à ce constat, l’association 3aMIE s’est tournée vers Un Toit Pour Tous afin de construire ensemble une solution adaptée : un hébergement solidaire associé à un parcours de formation certifiante. Très vite, le besoin d’un accompagnement dans le logement est apparu essentiel. Il a alors fallu trouver un troisième partenaire social – Le Habert – et réunir les financements nécessaires.
Plusieurs soutiens financiers ont apporté leur concours : la Fondation Kerber, la Fondation de France, le CCAS de Grenoble, et le Fonds Riace. Cela a permis le lancement du dispositif Forme-Toit avec un soutien assuré sur trois ans.
3 partenaires pour un même objectif
Le dispositif Forme-Toit repose sur une coopération entre trois acteurs complémentaires :
- Un Toit Pour Tous, via son agence immobilière sociale Territoires AIVS®, sécurise et gère les logements mis à disposition dans l’agglomération grenobloise.
- 3aMIE dispense un enseignement général et professionnel (bâtiment, restauration…), avec un suivi personnalisé vers l’obtention d’un diplôme et l’insertion professionnelle.
- Le Habert assure l’accompagnement social des jeunes dans leur logement, en les aidant à construire un projet d’autonomie.
Au total, six jeunes ont été accueillis dans trois logements en colocation pendant la durée de leur formation qui peut durer jusqu’à 2 ans (avec en plus une période de transition après l’obtention du diplôme).
« Avant, certains jeunes décrochaient à cause de la fatigue, de l’instabilité. Aujourd’hui, ils s’impliquent, et réussissent. » — Maria, coordinatrice à 3aMIE du dispositif
Un nouveau départ ?
Les jeunes hébergés témoignent de leur soulagement, de leur motivation retrouvée, et d’un véritable esprit de solidarité entre colocataires. Ils s’organisent, partagent les tâches, et créent une dynamique collective positive.
« Ça fait du bien d’avoir une clé en main pour entrer dans sa maison. » — témoigne Djibril, un des jeunes hébergés
« Le fait d’avoir un appartement, cela m’a beaucoup aidé moralement et physiquement. Je dors bien, je suis tranquille dans la tête. Je me sens en sécurité. Je peux réviser. Je peux rentrer me laver » » — Cheik, jeune hébergé dans le cadre du dispositif
Grâce à ce cadre stable, l’assiduité scolaire a été en nette progression, et chacun a pu se projeter. Quatre jeunes ont obtenu leur diplôme en fin d’année, l’un a choisi de se réorienter vers un CAP électricité dans un lycée grenoblois et un autre prépare son passage l’an prochain. Tous partagent la même ambition : décrocher un emploi et construire une intégration durable dans la société.
Mais une question majeure demeure : une fois leur diplôme obtenu, comment ces jeunes pourront-ils se loger de façon autonome ? En attente de régularisation administrative, leurs perspectives d’accès au logement restent extrêmement limitées, malgré leurs efforts et leur motivation.
Les débuts du dispositif sont néanmoins très encourageants. Après un état d’avancement intermédiaire, les trois partenaires songent à la suite : comment pérenniser et étendre ce dispositif ?