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L’exemple de Rennes : un accueil inconditionnel des sans-abris

Dans un contexte où certains discours opposent encore les personnes sans-abri selon leur origine, d’autres acteurs rappellent qu’un hébergement digne et inconditionnel relève d’un principe fondamental : celui de l’accueil de toute personne en situation de détresse, sans distinction.
Organisé en amont des Rencontres d’Un Toit Pour Tous du 27 novembre, ce webinaire est revenu sur la démarche engagée par la Ville de Rennes, qui met en œuvre cette vision inclusive de l’hébergement .

Une association pour appuyer les collectivités pour un accueil inconditionnel

Nicolas Mazard chef de projet et de plaidoyer à l’ANVITA est intervenu pour présenter le rôle et les actions de cette structure vis-à-vis du sans abrisme.

Créée en 2018 par neuf villes fondatrices, l’Association nationale des villes et territoires accueillants (ANVITA) rassemble des collectivités territoriales, groupements de collectivités et élu.es qui œuvrent pour des politiques d’accueil inconditionnelles incluant les publics exilés, et pour l’hospitalité sur leurs territoires. Les racines de cette démarche sont à Grande Synthe où le maire ne pouvait accepter les conditions de survies de ces êtres humains sous des bâches quel que soit le temps.

Aujourd’hui, l’association regroupe plus de 90 collectivités territoriales et groupements ainsi qu’une cinquantaine de membres à titre individuel (élu·es locaux et parlementaires nationaux et européens). Chaque membre doit adhérer aux valeurs de la charte de l’ANVITA, fondée sur l’accueil inconditionnel. L’ANVITA est un réseau d’échange et de pratiques.

Les collectivités prennent contact avec l’ANVITA car elles ont besoin de conseils pour savoir comment aider les personnes qui dorment dans la rue sur leur territoire.

Les collectivités remplacent l’État dans son devoir de solidarité

L’hébergement n’est pas une compétence des collectivités locales mais de l’État. Celui-ci ne remplit pas correctement son rôle puisque le 115 est toujours saturé. Cela a conduit plusieurs collectivités dont Grenoble à agir en justice contre l’État pour obtenir le remboursement des sommes engagées pour la prise en charge des sans-abris.

Pour agir, il est indispensable de recenser le foncier bâti ou non disponible directement ou par différents acteurs dont l’Église catholique pour qu’il soit mis à disposition des associations. Les promoteurs immobiliers peuvent aussi apporter du foncier temporaire.

Des élus fortement convaincus sur la nécessité d’agir

David Travers, adjoint en charge des solidarités à la ville de Rennes, élu métropolitain et par ailleurs médecin urgentiste a présenté l’action menée sur ce territoire pour l’accueil des personnes sans-abris. Toute personne présente sur le territoire de la métropole doit pouvoir avoir un toit. Le principe de l’accueil inconditionnel est une règle d’or. Bien que cet accueil ne fasse pas partie des missions obligatoires des collectivités locales, la mairie de Rennes et la métropole choisissent de dépenser 4 millions d’euros par an, ce qui permet d’héberger chaque jour environ 1 400 personnes. La mairie de Rennes consacre ses efforts sur l’accueil des familles avec enfants. La commune fait partie du SIAO et y a un rôle actif. Son action se situe en sachant la crise nationale du logement et les refus de régularisation des sans-papiers par la préfecture.

Malgré tout, cela n’empêche pas les critiques parfois douloureuses à supporter alors que les collectivités suppléent à l’insuffisance de l’action de l’État. La métropole et la ville de Rennes ne procèdent pas à des réquisitions de logements mais se font prêter des espaces vacants temporairement par le biais de contrats de commodats. Il y a un service qui traque les espaces qui peuvent être disponibles. Malgré tout ce qui est fait, la situation nationale des sans-abris est telle que l’action est confrontée aux limites de capacités d’accueil.

Un Toit c’est un droit accroit son activité grâce au soutien des collectivités

La gestion de ces locaux pour l’accueil des personnes sans abris est ensuite confiée à des associations telle qu’« Un Toit c’est un droit » que nous a présenté sa coordinatrice Emmanuelle Ricour Faye. Cette association existe depuis 2012 mais s’est développée ses dernières années. Ils sont 4 salariés avec l’appui de 42 bénévoles très actifs, indispensables. Ils accueillent 300 personnes dans 40 maisons. Emmanuelle insiste sur les bonnes relations avec les collectivités qui apportent un soutien financier mais aussi les prêts de maisons ou locaux tout en respectant en grande confiance l’indépendance de l’association dans son fonctionnement. La difficulté la plus importante est d’être obligé de refuser plus de dix demandes par jour. Cet accueil inconditionnel est sans limitation de durée. La collectivité finance aussi la prise en charge des fluides. Des travaux d’aménagements des maisons sont entrepris si la mise à disposition a une certaine durée.

Cet exemple de Rennes montre bien l’action possible des collectivité locales avec des associations qui peut permettre à des enfants, des femmes, des hommes de ne plus dormir dehors. À la veille des élections municipales, il est important d’interroger les candidats sur leur volonté ou non d’agir efficacement pour l’hébergement des sans-abris comme ce qui a été présenté. L’ANVITA propose d’ailleurs un guide à destination des élus et futurs élus (document accessible ici).