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Dans un contexte national compliqué, les communes peuvent agir

Trois heures d’échanges intenses, un amphithéâtre plein et un constat unanime : la crise du logement exige une action locale immédiate. Lors des 6ᵉ Rencontres d’Un Toit Pour Tous, plus de 200 personnes – étudiants, élus, acteurs sociaux et bénévoles – ont exploré les solutions possibles face au désengagement de l’État, dans le cadre d’une interpellation des futurs élus en vues des prochaines élections municipales.

Une situation nationale catastrophique avec une action néfaste de l’État

Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation pour le logement des défavorisés, a dressé le tableau national concernant le manque d’hébergements et de logements pour les plus démunis. Il a insisté avec force sur les besoins croissants et sur les choix constants des gouvernements ces dernières années pour limiter le plus possible le soutien de l’État vis à vis du logement social et très social. Il a alerté sur les ponctions sur les budgets des HLM, sur la diminution forte des aides à l’isolation des habitations, sur la limitation des aides pour l’accès au chauffage, l’eau ou l’électricité. En revanche, les ministres veulent augmenter les expulsions locatives et limiter le soutien aux personnes venant des pays non européens (ex : suppression de l’APL pour les étudiants non européens !). Il semble que la situation ne peut pas être pire.

Pour compenser l’incurie de l’État les communes peuvent agir

Face à cela, sachant que les élections municipales auront lieu en mars 2026, l’objet de ces Rencontres est d’étudier les possibilités d’action des communes. Lorsque les collectivités remplacent l’État pour l’hébergement des sans-abris, elles peuvent demander à l’État devant les tribunaux le remboursement des frais engagés comme l’a fait entre autres Grenoble.            Pour connaître la volonté d’une collectivité d’agir sur le logement social, la première des choses à faire est de voir le nombre d’agents compétents en charge de ce dossier pour inciter et contraindre les partenaires à orienter les réalisations vers des logements très sociaux qui sont les plus demandés.

L’encadrement des loyers une mesure populaire à pérenniser absolument

Malgré la situation catastrophique au national, les collectivités locales et les bailleurs sociaux ont de nombreux outils pour héberger et loger les plus démunis. Un des outils efficaces qui a été mis en place pour éviter l’appauvrissement des locataires est l’encadrement des loyers pour lequel 87 % des Français sont favorables. Mais il faut absolument une loi afin que le dispositif soit pérennisé après 2026. Une mobilisation de tous doit avoir lieu pour l’obtenir.

Les associations sous la menace d’une catastrophe sociale

Pour toutes les actions en faveur de l’hébergement ou du logement, ce sont les associations qui sont en premières lignes avec des financements des collectivités qui sont en baisse régulière consécutivement aux décisions de l’État.

La situation est grave comme a insisté Martin Larible, vice-président de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) car beaucoup de ces structures sont en péril. Plusieurs intervenants ont alerté avec force sur ce sujet malgré la tendance de l’État à culpabiliser les associations et les publics accompagnés. Pourtant, Marie Guillaumin, responsable de l’Observatoire de l’hébergement et du logement d’Un Toit Pour Tous a démontré de manière très éclairante, grâce à l’ensemble des chiffres présentés, que les besoins augmentent sans cesse, en particulier pour les personnes les plus démunies. Elle a aussi indiqué que la forte majorité des demandes concernent des logements très sociaux alors que l’offre s’oriente plus pour des logements intermédiaires.

Les centres communaux d’action social en première ligne

Le manque de logements sociaux entraîne un blocage de l’hébergement comme l’a rappelé Nicolas Kada, vice-président du CCAS de Grenoble. Il manque 2 500 places d’hébergement sur la commune de Grenoble. 5 500 personnes sont domiciliées au CCAS. La mairie de Grenoble participe à l’aide à la mise à l’abri des populations présentes sur son territoire mais apporte aussi d’importantes aides sociales facultatives dont des aides aux loyers ou pour les fluides. La commune de Grenoble et le département, pour le reste du territoire, interviennent dans la lutte contre la précarité énergétique.

Pour la Métropole le Plan local de habitat sert de boussole.

Comme l’a rappelé le président de la Métropole, Christophe Ferrari :« au-delà des chiffres, l’essentiel c’est remettre les clefs d’un logement à une famille car c’est toujours source de joie et de bonheur ». Les objectifs de réalisation des logements sociaux du la métropole de Grenoble ne sont atteints qu’à 75 % avec des fortes diversités selon les communes. 80% de la ville de 2050 est déjà construite. Il faut que les maires rénovent, construisent et l’assument. Sur l’agglomération, le foncier est rare et cher avec une hausse élevée des coûts de la construction. Sans la Loi SRU la situation serait encore bien pire. Pour le président d’Absise, le partenariat entre bailleurs sociaux, les collectivités et les établissements publics est essentiel. Il faut utiliser tous les outils à disposition pour faire du logement très social avec l’accompagnement indispensable qui va avec. Comme l’ont très bien présenté, rapidement, les représentants de la Fédération des associations et des acteurs pour la promotion et liInsertion par le logement (FAPIL), les collectivités locales ont à leur disposition de nombreuses solutions afin d’agir contre le mal logement.

Michelle Daran a indiqué en conclusion de ces 6èmes Rencontres d’Un Toit pour Tous, que toutes les personnes présentent peulent agir pour répondre à la demande de logements très sociaux. Mais reste l’épée de Damoclès des budgets disponibles pour cela. À cette occasion, Un Toit Pour Tous a également publié en ligne un document de cinq pages, en libre accès, qui synthétise les propositions et les pistes d’action formulées à l’attention des futurs élus de l’agglomération grenobloise.

En fin de cette journée, certains participants se sont retrouvés au siège de la Métropole pour écouter le témoignage bouleversant des sans-abris qui occupent actuellement le lieu et réclament avec l’appui de l’association DAL 38 (Droit au logement Isère) un toit pour être hébergés. Puis Christophe Robert, délégué général de la Fondation pour le logement des défavorisés, a clamé un appel percutant pour que l’ensemble des acteurs publics se donnent les moyens financiers pour qu’il n’y ait plus d’enfants, de femmes et d’hommes qui dorment dans la rue ou dans des logements indignes. ( Presse Citron – Christophe Robert : Pauvreté, mal-logement et inégalités ne sont pas des fatalités)