
Jeudi 3 juillet 2025 au soir, Un Toit Pour Tous rassemblait dans ses locaux des collectifs et associations qui accueillent et hébergent des migrants. 13 d’entre eux étaient représentés
Un Toit Pour Tous en soutien de dynamiques collectives solidaires
Le principe du dispositif LASUR (Logement d’attente en réponse à des situations d’urgence) repose sur l’engagement d’un collectif de citoyens en lien avec une ou plusieurs personnes migrantes, prêts à les aider à trouver et financer un logement disponible. Mais la famille ou la personne isolée ne pouvant pas conclure un bail, c’est l’association Un Toit Pour Tous qui est la locataire.
Diverses personnes, salariées et bénévoles d’Un Toit pour Tous interviennent en appui de ces collectifs : aide à la recherche de fonds, accompagnement à trouver un logement, bilan budgétaire réalisé avec une comptable, et des permanences assurées par une juriste de l’ADATE ont lieu tous les 15 jours.
Par ailleurs, des bénévoles bricoleurs peuvent également intervenir dans les logements pour effectuer de petites réparations. D’autres aident aussi à la recherche de logements pérennes lorsque les personnes ont obtenu un titre de séjour (on parle alors de LASUR renforcé). Le pôle social d’un Toit Pour Tous peut aussi intervenir auprès de ces familles hébergées.
Plusieurs responsables de collectifs citoyens ont souligné la compétence et l’amabilité des salariés d’Un Toit pour Tous. Selon eux, sans cela, ils n’auraient pas pu mener à bien l’accueil de ces personnes migrantes.
Toutes les personnes accueillies sont dans une démarche active pour régulariser leur situation. Même si elles peuvent être contraintes à l’heure actuelle d’attendre 7 ans sur le territoire pour demander une régularisation, elles construisent les preuves de leur intégration : apprentissage du français, bénévolat, scolarisation, recherche de promesses d’embauche en plus de rassembler l’ensemble des documents nécessaires demandés (passeport, actes de naissance, livret de famille…)
Des subventions indispensables pour le soutien de ces dynamiques solidaires
Le soutien d’Un Toit Pour Tous par le dispositif LASUR est financé par une subvention de Grenoble Alpes Métropole et par la Fondation pour le logement des défavorisés. Les collectifs de citoyens, de leur côté, portent humainement et financièrement l’hébergement de ces familles ou personnes isolées migrantes.
Une grande générosité comme point commun
Les collectifs de citoyens faisant de l’accueil et portant l’hébergement de personnes migrantes sont divers. Quelques-uns sont constitués en association permettant de faciliter les dons privés. Mais la plupart sont des collectifs informels. À l’origine de la plupart de ces groupes, il y a la rencontre d’une famille sans hébergement et de personnes qui veulent leur proposer un accueil et un hébergement en attendant que leur situation soit régularisée. Pour certains d’entre eux dans le cadre ou non de réseau éducation sans frontière (RESF) le lien se fait par les enfants à l’école. La durée et l’ancienneté de ces collectifs est très variable, certains ont plus de dix ans, d’autres sont récents. Beaucoup de ces groupes n’existent que le temps nécessaire à la famille pour obtenir les autorisations ouvrant l’accès à un logement social. D’autres groupes sont plus durables, tels celui du Trièves, de la Chartreuse ou l’APARDAP sur Grenoble. Ils accueillent des personnes seules ou des familles dans des logements dont ils assurent le financement.
Une mobilisation des donateurs difficile à maintenir dans la durée
Une fois passée la mobilisation initiale, ces groupes ont comme point commun la difficulté à maintenir l’engagement des donateurs et soutiens. Bien souvent, la mobilisation repose sur très peu de personnes qui peinent à trouver des relais ou des remplaçants.
Favoriser l’intégration par l’accompagnement des familles
Dans la grande majorité des cas, cet accompagnement par des collectifs de citoyens aide à l’intégration de ces familles car il va bien au-delà d’un simple soutien au logement. Ce sont des relations humaines qui parfois perdurent quand les familles disposent d’un logement durable. Dans de nombreuses familles les enfants ont de bons résultats scolaires. Il y a aussi pour les membres des collectifs un enrichissement humain fort de rencontres avec des autres cultures et coutumes. Lorsque le collectif est lié à une école, cela apprend la solidarité aux enfants.
Des accueils permettant une meilleure acceptation des migrants
Les propositions d’accueil dans les communes rurales éloignées de Grenoble sont parfois plus compliquées car les personnes accueillies ont souvent à faire des démarches au chef-lieu du département. Mais les relations semblent un peu différentes et favorisent la connaissance et l’acceptation des accueillis dans ces communes. De plus, les élus communaux sont parfois très moteurs pour favoriser un accueil des migrants en attente de régularisation. Tel est le cas dans le Trièves. Une réflexion avec « Modus Operandi » est menée en vue des prochaines élections municipales pour promouvoir le concept de territoires accueillants. Un document sera publié début août.
Des logements « tampons » indispensables sur l’agglomération grenobloise
Véronique Mangin a alerté sur le besoin d’avoir des logements « tampons » sur l’agglomération grenobloise. Car, entre le moment où un collectif de citoyens fait appel à Un Toit Pour Tous pour une famille et la conclusion d’un bail pour héberger celle-ci, il se passe quelques semaines. Il faut donc un appartement « tampon » pour éviter que ces personnes soient à la rue.
L’objectif est que les personnes hébergées puissent bénéficier de logements durables. La durée moyenne pour les familles dans le dispositif est de 31 mois. Cela a tendance à augmenter en raison des pressions que l’État cause aux migrants qui veulent être régularisés.
Il est très important de faire valoir la capacité d’intégration des migrants par les démarches collectives d’accueil.
Grâce à ces 25 collectifs et à Un Toit Pour Tous, le dispositif LASUR a permis en 2024 à une quarantaine de ménages d’être hébergés soit 160 personnes dont 86 enfants.