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Une rentrée sous le signe de la crise du logement

Tout au long de l’été, divers articles ont alerté sur l’importance et l’ampleur de la crise du logement en France. 

C’est ainsi que Le Monde a mis le logement à sa Une, trois fois ces derniers jours :

 

Une crise annoncée 

« La crise violente, était écrite », constate Véronique Bédague, PDG de Nexity (Le Monde du 7 septembre), et face à cela l’indifférence de l’exécutif :

« L’histoire était écrite, elle a lieu. C’est la chronique d’une crise annoncée et elle est violente. Les chiffres sont encore pires que ce que l’on pouvait imaginer : – 45% en un an pour les réservations de logements neufs… Il fallait traiter la crise quand elle était en train de se nouer, et non pas attendre qu’elle soit installée, parce que cela va coûter beaucoup plus cher ».

Une analyse partagée

L’entretien qu’elle a donné au Monde s’appuie évidement sur son expérience professionnelle mais aussi sur les travaux du Conseil national de la refondation Logement qu’elle a co-présidé avec Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre.

Les expertises rassemblées au sein du CNR Logement permettent d’avoir une analyse partagée, (consensuelle ?) de la crise du logement de ses manifestations, de ses causes :

 

  • C’est une crise systémique: tous les segments du marché du logement sont touchés : le neuf avec la restriction des crédits immobiliers qui met de l’huile dans les rouages et permet le mouvement (suppression du PTZ  (prêt à taux zéro) sauf dans les zones tendues où le logement est très cher et inaccessible, suppression du dispositif Pinel…), moins de mouvement aussi dans l’ancien avec la hausse des taux ; et en bout de chaine le logement social est touché par la chute de la construction neuve (moins d’achats en vente en état futur d’achèvement par les organismes HLM , donc moins de logements sociaux neufs).

 

  • C’est une crise de la mobilité. Les possibilités de mobilité vont se réduire sur toute la chaine du logement : passage du locatif à l’accession, entrée sur le marché locatif privé, réduction du nombre d’attributions de logements sociaux, blocage dans le très social.

 

  • Au total ceux qui ont les moyens se logeront en consacrant une part toujours plus importante de leurs revenus au logement. Les nouveaux entrants ne peuvent plus acheter et ont du mal à trouver une location (cas des étudiants en cette période).

 

  • Selon Véronique Bédague, l’inaction gouvernementale peut s’expliquer par les raisons suivantes : « il y a dans la sphère publique l’idée qu’en réalité nous n’avons plus besoin de logements compte tenu des projections démographiques, du nombre de logements vacants et des résidences secondaires. Il y a un différend sur le diagnostic. Par ailleurs, l’État considère le logement comme un gisement d’économies. En réalité la fiscalité du logement rapporte beaucoup à l’État ».

 

Un gouvernement muet, jusqu’à ces derniers jours

Emmanuel Macron a annoncé récemment un projet de loi sur le logement sur la base des conclusions du Conseil national de la refondation Logement largement ignorées jusqu’à maintenant.

 

Quelques alertes récentes concernant le logement :

  • la violence des expulsions locatives : initiatives de quelques préfets, le vide juridique en matière d’expulsion des étudiants logés en cité universitaire (exclus des protections accordées aux locataires) ;
  • l’arrêté qui permet de qualifier des logements avec 1,80 mètre sous-plafond ;
  • 12% des étudiants renoncent à une formation parce qu’ils ne trouvent pas de logement ;
  • 2 000 enfants à la rue à la fin du mois d’août en France ;
  • la crise qui s’annonce également en matière d’emploi dans le bâtiment : « Alors que le marché du neuf est en chute libre, promoteurs, constructeurs et artisans appellent l’État à réagir », Le Monde du 15 septembre

 

Un rappel utile :

  • « L’effort public pour le logement n’a jamais été aussi bas : il est passé de 2,2 % du PIB en 2010 à 1,5 % en 2021 » : Christophe Robert lors de la présentation du Rapport du mal-logement de la Fondation Abbé Pierre en février dernier ;
  • Depuis le premier mandat d’Emmanuel Macron, le budget logement a diminué de 4,6 milliards d’euros,
  • Le logement contribue à hauteur de 88,3 milliards € aux recettes fiscales (hors taxe d’habitation et impôt sur la fortune immobilière) de loin supérieures aux dépenses qui s’élèvent à 38,2 milliards d’euros.

 

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