Un nouveau départ
À l’heure où la problématique du mal-logement s’aggrave, le parcours de Laëtitia illustre la résilience face aux défis de la vie. Accompagnée depuis février 2022 par Eléa, travailleuse sociale à Un Toit Pour Tous, son histoire témoigne combien l’accès à un logement décent est important pour se reconstruire et envisager un avenir plus serein.
Un parcours difficile
Originaire de Grenoble, Laëtitia a vécu un divorce éprouvant avec un ex-mari violent, rencontré très jeune, à l’âge de 14 ans. De cette union, trois enfants sont nés : une fille en 2003, et deux fils en 2008 et 2009. En 2018, ses 3 enfants ont été placés à la suite de mesures éducatives prises par l’Aide sociale à l’enfance : la fille aînée chez sa grand-mère maternelle et ses deux fils en famille d’accueil.
Après de nombreuses épreuves, Laëtitia a entrepris un voyage sur les routes avec son nouveau conjoint, partant vers le sud jusqu’à Lourdes. Cette relation a donné naissance à une petite fille, âgée aujourd’hui de 4 ans.
De retour à Grenoble pendant sa dernière grossesse, elle a été suivie par la Protection maternelle et infantile (PMI) et séjourné dans un Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS), seule avec son bébé de quelques mois.
En proie à des difficultés financières, elle ne pouvait prétendre à un logement social « classique ». Elle cumulait de trop nombreuses dettes communes avec son ex-mari et était dans l’impossibilité de pouvoir signer un bail à son nom.
Le chemin vers la stabilité
Laëtitia a traversé des moments très difficiles, notamment pendant son séjour en CHRS avec un enfant en très bas âge, et a enchainé les hébergements précaires.
Après un court passage dans un foyer de jeunes travailleurs, elle trouve un répit dans une maison parentale en janvier 2020 : le foyer le Charmeyran à La Tronche où elle bénéficie d’un appartement et d’un soutien complet par le biais d’une équipe pluridisciplinaire.
En août 2020, une proposition d’appartement « en diffus » à La Tronche a été faite à Laëtitia, marquant un moment délicat de transition vers l’autonomie. Si elle a perdu ses repères pendant un temps, n’étant plus suivie au quotidien, cela a été un pas crucial vers l’indépendance.
L’accompagnement avec Un Toit Pour Tous
C’est à travers une demande d’hébergement effectuée par un travailleur social du foyer le Charmeyran, via le Service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO), que Laëtitia a été dirigée vers Un Toit Pour Tous. Depuis février 2022, elle est accompagnée par Eléa, travailleuse sociale, dans le cadre du dispositif d’Intermédiation locative (IML) qui lui a permis ainsi d’accéder à un logement en sous-location. L’objectif final étant de « glisser »[1] vers un bail de droit commun en travaillant sur ses dettes. Eléa a pris le relais des éducateurs du foyer le Charmeyran, assurant un suivi conséquent. D’abord pendant trois mois en collaboration avec l’éducatrice en charge de l’accompagnement de Laëtitia, puis seule.
Grâce à un travail important sur les dettes, à un soutien administratif, et à un accompagnement régulier tous les 15 jours, Eléa a permis à Laëtitia de surmonter ses difficultés et ses méfiances. Aujourd’hui, après avoir changé une première fois de logement avec l’aide d’Eléa, elle habite dans un appartement dans le quartier des Eaux-Claires à Grenoble, paye toujours régulièrement son loyer et ses charges et, depuis octobre 2023, a un bail à son nom.
Vers une nouvelle vie
Actuellement au RSA, Laëtitia a exprimé le désir de s’impliquer en tant que bénévole à Un Toit Pour Tous. Elle a participé en décembre aux permanences numériques, mettant en avant ses compétences en recherche sur internet qu’elle avait déjà mises à profit en trouvant un logement social pour son père qu’elle avait hébergé pendant un temps. Cette première expérience a été très positive et va se poursuivre.
Sortie du dispositif d’intermédiation locative pour entrer en Gestion locative adaptée (GLA), le parcours de Laëtitia est une grande réussite. Elle peut désormais voir ses enfants régulièrement – l’appartement dispose d’une grande chambre pour les accueillir – et la mesure éducative sur sa petite fille s’est arrêtée. Elle se sent bien dans son appartement, qu’elle a décoré avec goût, et qui lui offre un environnement stable.
Eléa entretient toujours un lien régulier avec Laëtitia et l’accompagne aujourd’hui selon ses besoins.
[1] Le glissement de bail est un terme technique pour désigner le fait que Laëtitia puisse rester dans son logement actuel tout en ayant désormais le bail à son nom.